Au fil des pages # 06 juillet 2023 – Frédéric Brun
Invité : Frédéric Brun, pour son livre Le roman de Jean (2023) aux éditions Poesis, ainsi que pour le triple album Juke-box troubadour (EPM Music / Universal Musique, 2023), à l'occasion du vingtième anniversaire de la mort de Jean Dréjac.
Ancien producteur et parolier, Frédéric Brun a fondé, en 2015, les éditions Poesis qui, aussi bien à travers des ouvrages d'auteurs contemporains comme Kenneth White, Edgar Morin ou Christian Bobin que des classiques comme Novalis ou John Keats, interroge les différentes manières « d'habiter poétiquement le monde ».
Mais c'est l'écrivain que nous recevons aujourd'hui. Avec Le roman de Jean, Frédéric Brun poursuit son travail de mémoire familiale, constitué d'une trilogie commencée par Perla (Poesis, 2020) autour de la figure de sa mère, rescapée des camps, et qui s'achèvera par Une prière pour Nacha, autour d'une tante maternelle atteinte de la maladie d'Alzheimer et dont il va aller rechercher les origines, qui sont aussi les siennes, en Pologne. Le roman de Jean est une évocation pudique, sensible et habitée de Jean Dréjac (1921-2003), l'un des plus grands paroliers français, à qui l'on doit des chansons comme Sous le ciel de Paris, L'homme à la moto (Édith Piaf) ou bien La chansonnette (Yves Montand). C'est l'histoire d'un fils de gantiers grenoblois monté à Paris juste avant la guerre et qui, au lendemain du grand conflit mondial, va épouser totalement, par ses compositions et surtout sa formidable capacité à saisir l'air du temps, une France qui se reconstruit à l'ère des Trente Glorieuses. On croise dans cette évocation les figures de Trénet, Maurice Chevallier, Cocteau, Piaf dont Jean Dréjac fut l'amant, Yves Montand, Serge Reggiani dont il fut l'un des derniers paroliers et Michel Legrand, son grand complice et ami. Mais c'est aussi un récit personnel, vibrant, celui d'un fils unique qui a grandi auprès de parents solaires et qui célèbre le souvenir d'une enfance heureuse. Nourri de sa lecture des classiques grecs, Frédéric Brun se livre également à une réflexion subtile sur la mort et le bonheur qui donne à ce récit une profondeur et une épaisseur dont ce récit familial tire sa dimension universelle consolatrice.
Chronique de Cécile A. Holdban : John Burroughs, L'Art de voir les choses, traduit de l'anglais (États-Unis) par Joël Cornuault aux éditions Fédérop (2007).
Moins connu que Henry David Thoreau ou John Muir, John Burroughs (1837-1921) fut pourtant l'un des écrivains les plus célèbres de son temps et l'un des plus grands représentants du Nature Writing. Surnommé Jean des Oiseaux, cet écrivain autodidacte, ami de Walt Whitman, avait appris, au contact de la nature, à développer l'acuité du regard. Son œuvre, très populaire, ne se présente pas sous la forme d'essais philosophiques, mais comme une expérience concrète de la nature, irriguée par des réflexions sur le temps, le cosmos et la spiritualité panthéiste. Il y a chez cet auteur, dont L'Art de voir les choses constitue la meilleure porte d'entrée, une joie franciscaine dont le principal souci aura été de réconcilier culture et nature.
Musique :
Laurent Voulzy "Ah ! Le petit vin blanc"
Yves Montand "Sous le ciel de Paris"
Serge Reggiani "Comme elle est longue à mourir ma jeunesse"
Sainkho Namtchylak "Dance of Eagle"
Michel Legrand "Dans le même instant"
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