Dialogues #15 mars 2025:Des frontières ou des murs: Penser le droit d'asile avec la jeunesse d'aujourd'hui. (épisode 1/3)

Des frontières ou des murs: Penser le droit d'asile avec la jeunesse d'aujourd'hui.
Animatrice: Isabelle Raviolo
Invités: élèves de terminale et étudiants ( Alma, Dimitri, Antoine, Nathaniel, Paul)
Image du podcast: limite de propriété, grange d'Ourdou, Pyrénées-Atlantiques, 15 mars 2025
Introduction: un voisin, c'est celui qui n'habite pas chez moi mais si les murs d'une maison démarquent clairement deux territoires distincts, qu'en est-il de pays dits voisins. Une frontière n'est pas un mur.
Comment se matérialise-t-elle?
Qu'est-ce qu'une frontière?
Peut-on vivre sans?
“Cela veut-il dire que la prétendue “menace migratoire” serait un simple fantasme sans aucun rapport avec la réalité ? En fait, comme le rêve ou le délire, les fantasmes comportent toujours certains éléments réels (il y a effectivement des migrants qui cherchent à traverser nos frontières) bien qu'ils les mettent en scène de façon trompeuse (en vérité, ces migrants ne vont pas “submerger” la France, ni «remplacer» son peuple). Pour mettre en lumière cette déformation, il faut rechercher l'élément fondamental que ces fantasmes dissimulent.
Quel est est le noyau réel de ce fantasme “d'invasion migratoire” qui mettrait en péril “l'identité nationale”?
Nous l'avons déjà repéré: c'est la dynamique mondiale de la démocratie qui entraîne une désincorporation de la société et une crise de la souveraineté nationale.Cette crise se manifeste de manière aiguë là où la souveraineté est en jeu, et avant tout à la frontière. En se désincorporant, le Corps de la nation anticipe avec angoisse la disparition de son enveloppe protectrice et il s'efforce de la reconstituer. C'est ainsi que des murailles s'élèvent aux frontières des pays occidentaux et elles ont la même fonction que le fantasme d'une seconde peau, d'un corps sans orifices qui, dans les pathologies individuelles, répond à la défaillance du moi-peau. Nous comprenons mieux en quoi consiste cette tendance à la réincorporation qui caractérise les sociétés contemporaines. Elle reste toujours partielle, car elle ne porte que sur un aspect limité du Grand Corps.
Aujourd'hui, les adversaires de la démocratie n'ont pas l'intention de rétablir la hiérarchie de ses organes - les partis populistes sont à leur manière égalitaires et font des “élites” leur cible favorite-ni le “fondement mystique” de son autorité. Ils désirent seulement que le Corps se donne à nouveau une peau. Cette peau, ils l'envisagent dans leur fantasme comme une barrière infranchissable qui ne laisserait rien pénétrer du dehors.
Or, c'est précisément ce que n'est pas notre peau, ni l'épiderme de notre organisme biologique, ni la peau imaginaire de notre moi : ce sont des membranes poreuses ouvertes sur le monde et les autres par d'innombrables orifices. Anzieu désigne cette dimension du moi-peau comme une "enveloppe transitionnelle”. Il se réfère aux travaux d'un autre psychanalyste, Winnicott, qui nomme ” espace transitionnel” la zone intermédiaire assurant une transition entre les objets internes et externes, entre le moi et le non-moi, le corps de l'enfant et celui de sa mère. Si cet espace ne s'est pas constitué, l'enfant sera en proie sa vie durant à des angoisses de persécution et d'anéantissement. Ces analyses valent aussi pour les formations collectives. Démocratiser la frontière revient à la considérer comme un espace transitionnel: une surface ouverte, une zone de passage où ont lieu des rencontres, des échanges entre les différents peuples. C’est à cela que s’opposent les mouvements xénophobes”
J.Rogocinski, Inhospitalité, Cerf 2024, chapitre archi frontières, p99-100
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