Lusitania # 17 octobre 2020 - Dulce Maria Cardoso - "Eliete, la vie normale"

"Eliete, la vie normale" roman de Dulce Maria Cardoso
Nommé pour le Prix Fémina 2020 - Etranger
Cette émission animée par Joëlle Nascimento vous proose une longue interview de l'écrivaine portugaise Dulce Maria Cardoso dans la cadre de la sortie française de son dernier roman Eliete, la vie normale paru aux éditions Chandeigne et nommé pour le prix Fémina 2020 - Etranger.
Biographie de Dulce Maria Cardoso
Dulce Maria Cardoso est née en 1964 dans la région de Trás-os-Montes au Portugal. Mais bébé elle part avec ses parents pour Luanda en Angola dès l'enfance.
Elle a 11 ans quand la famille revient au Portugal par le pont aérien organisé en 1975 pour rapatrier les portugais de l'ancienne colonie. D’ailleurs son avant-dernier roman Le Retour aborde le thème de la décolonisation et du premier contact des rapatriés avec leur terre d'origine.
Sa passion pour l’écriture est née dès son adolescence mais elle va suivre des études de droit à Lisbonne et exercer le métier d’avocate durant quelques années avant de pouvoir se consacrer entièrement à la littérature notamment grâce à une bourse du ministère de la culture portugais qui lui permet d'écrire Campo de Sangue.
Ses écrits sont immédiatement remarqués et elle est aujourd’hui une écrivaine reconnue non seulement au Portugal mais également dans de nombreux autres pays.
Liste des quesions posées à Ducle Maria Cardoso et diffusées avec traduction française lors de l'émission
Eliete, la vie normale est votre 5e roman et le 4e traduit en français, et entre Le retour, votre précédent roman et Eliete, la vie normale, il s’est écoulé 7 ans. Pourquoi autant de temps ? Est-ce qu’Eliete a été plus difficile à mettre au monde que les autres ? Et si oui, Pourquoi ?
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Lors du lancement au Portugal d'Eliete, la vie normale, vous avez mentionné que la fiction était en perte de vitesse car le développement des nouveaux modes de communication nous donnait désormais accès à une réalité toujours plus incroyable. Mais vous avez aussi dit que la fiction avait d’autant plus son rôle à jouer. Pouvez-vous nous dire pourquoi ce constat ?
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La 1ère phrase d'Eliete, la vie normale, donne le ton « Moi, je suis moi et que Salazar aille se faire foutre », un ton irrévérencieux qui est présent tout au long du roman. Et ce alors même que votre personnage principal est censé être tout à fait médiocre, au sens de moyen du terme. C’est un peu paradoxal, non ?
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Dans le 1er paragraphe de votre roman, il est question d’un Salazar qui s’empare de tout, comme s’il avait toujours été là selon Eliete, Eliete d’ailleurs qui affirme qu’elle ne compte pas le laisser faire. Or le roman se termine par une lettre de Salazar. Est-ce qu’il est impossible d’évoquer le Portugal contemporain sans évoquer Salazar ?
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Entre le début et la fin on a des passages totalement non « politicaly correct » portés par la voix de la grand-mère d’Eliete, sur cette période trouble de l’histoire portugaise. C’est notamment le cas page 138 « La révolution et le communisme ont transformé tout ce que nous avions en misère » et cette phrase suit un long passage où il est question d’un monde certes pauvre mais heureux car centré que l’essentiel. J’avoue m’être sentie un peu mal à l’aise à la lecture de ce passage car je me suis d’abord assez bien transposée dans la douceur d’un monde bien plus simple et authentique que l’actuel jusqu’à la conclusion qui elle m’a fait l’effet d’une douche froide. Comme si vous m’aviez amené à penser quelque chose que je trouvais immonde. Vous aimez plonger votre lecteur dans l’inconfort ? Pensez-vous que ce soit justement la mission d’un écrivain ?
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Eliete, la vie normale est le portrait d’une femme de 42 ans qui a l’impression d’avoir raté sa vie et d’avoir passé 20 ans loin d’elle-même en se consacrant à une famille peu reconnaissante et à un job tout ce qu’il y a de plus ennuyeux. Si on ne retenait que cela, on pourrait se dire qu’il ne s’agit seulement d’un roman de plus sur ce thème déjà visité de nombreuses fois par la littérature. Pourtant, quand on finit de lire « Eliete, la vie normale » on a au contraire le sentiment d’avoir lu une œuvre totalement inédite et à mon sens il s’agit-là de la principale prouesse de votre écriture. Était-ce votre intention ? Comment avez-vous transformé Eliete, la normale en Eliete, l’unique ?
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Dans votre roman vous abordé de très nombreux thèmes que nous pourrions qualifier d’actuels : la vieillesse et la place de nos ainés dans notre société, l’omniprésence des réseaux sociaux et du téléphone mobile, la difficulté à communiquer réellement dans un mode portant soi-disant d’hyper-communication, la prévalence de l’image, les sites de rencontre en ligne et leur côté à la fois enthousiasmant et glauque, etc. Mais vous abordez également des thèmes intemporels comme les difficiles relations entre mère et fille, la mort, la mémoire, l’amour, les espoirs de jeunesse déçus, l’amitié, le temps qui passe, etc. ce qui en fait une œuvre assez foisonnante qui ne laisse pas de répit au lecteur. Pourquoi cette densité ? Aviez-vous le désir de démontrer que la vie humaine, même la plus banale possible, est un véritable casse-tête, même Eliete n’est peut-être pas aussi banale finalement ?
Liste des questions posées à Dulce Maria Cardoso et non diffusées lors de l'émission mais disponibles dans la version intégrale de l'interview (en portugais)
Du point de vue du style et de la forme, vous avez recours très souvent à de nombreuses listes, c’est-à-dire plutôt que par exemple simplement écrire qu’Eliete a le sentiment d’être passée à côté de ses 20 dernières années, vous allez l’illustrer au travers d’une page entière de situations et d’émotions (p75). Pourquoi ce choix ?
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Ce qui caractérise également votre écriture dans ce roman c’est le fait qu’il y ait une absence totale de dialogues marqués en tant que tels. En fait ces dialogues existent bien mais ils sont comme intériorisés dans le discours d’Eliete et simplement repérables par une virgule suivie d’une majuscule. Ce qui fait qu’en tant que lecteur, on reste toujours sous l’angle de vue d’Eliete comme collé à elle. Est-que cette forme s’est tout de suite imposée à vous et pourquoi ?
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Vous êtes en lice pour le Prix Femina du meilleur roman étranger, qu’est-ce que cela vous inspire ?
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A la dernière page d'Eliete, la vie normale, on comprend qu’il s’agit d’une 1ère partie qui aura une suite. Combien de temps va-t-il falloir attendre la suite ? Et en combien de tomes aura-t-on la fin ?
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Qu’est-ce qu’on peut souhaiter à Eliete et qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?
> Ecoutez l'interview intégrale (en portugais)
Programmation musicale
A garota não - Cátia Mazari Oliveira née à Sétubal au Portugal en 1983 – 1er album solo qu’elle a écrit et qu’elle interprète
De l'album Rua das marimbas N°7
Une voix douce, des morceaux sans artifices, des textes qui racontent la vie, ce qui nous fait peur, ce qui nous fait rire.
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Tanto Céu
Vila Martel - Vila Martel est né à l’initiative de Francisco Botelho et Rodrigo Marques Mendes qui souhaitaient faire de la musique rock qui pourrait avoir à la fois un son moderne et un caractère portugais. Ce 1er album se compose de 8 morceaux, crées par les membres de Vila Martel.
De l'album Nunca Mais É Sábado
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Uivo
Lobo Mau – C’est un trio Gonçalo Ferreira, Lília Esteves e David Jacinto, une guitare et deux voix
Ce 1er album du groupe a été composé et écrit par le trio et fait intervenir de nombreux amis musiciens et interprètes
De l'album Na Casa Dele
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Lundi - vendredi : 4h -12h et 17h - 21h
Samedi : 16h - minuit
Dimanche : 00h - 14h et 22h - 4h