Odyssées immigrées # 21 avril 2017 - "La rage de survivre", de Victor Eock /avec Nicolas Balu, co-auteur
"La rage de survivre", de Victor Eock /avec Nicolas Balu, co-auteur
"Si l’Europe me demandait mon avis - je ne suis pas sûre qu’elle demande beaucoup leur avis aux migrants - je lui dirais qu’il faut absolument un dialogue plus poussé avec les pays d’où viennent les immigrés, pour expliquer aux candidats à l’immigration que l’Europe n’est pas un eldorado et que le voyage est incroyablement dangereux. Que l’on peut y perdre sa dignité. Que toutes les forces, l’énergie et la foi que les migrants déploient, si elles étaient utilisées dans leur pays, serviraient à quelque chose. J’insisterais en expliquant que ce dialogue est d’autant plus nécessaire que les Européens ne mesurent ps à quel point notre détermination est grande et que le désir de voir notre destinée changer, immense. Si l’Europe me demandait mon avis, je lui poserais ces questions : combien vous coûtent votre sécurité, vos barrières, vos barbelés ? Combien de morts causent-ils ? N’est-ce pas conforter un peu plus le règne des passeurs ?"
Ces mots sont ceux de Victor Eock, sans papiers camerounais. qui vient de publier le récit édifiant de sa traversée : "La rage de survivre", paru aux éditions de l’Aube. Ils auraient pu être tenus par l’un des 250 morts du récent naufrage en Méditerranée au nord du port libyen de Sabrata. La plupart étaient des jeunes Africains âgés entre 16 et 25 ans tentant de rejoindre l’Italie. Et de fuir des conditions de vie déplorables en Libye, notamment dans les camps où on maintient les migrants. Face au drame des migrants, l’Europe, et en particulier la France, est indigne de son histoire, elle qui fut longtemps la première terre d’asile européenne. Alors que se multiplient les discours anti étrangers, les solutions répressives, le verrouillage des frontières ou les expulsions continuent d’être privilégiées bien qu’elles démontrent chaque jour davantage leur inefficacité. Face à cela, que pouvons-nous, nous citoyens, à notre échelle ? comment aider ceux qui fuient les guerres, la misère, dans leur exil forcé ? Nous pouvons ouvrir la porte de nos maisons, accueillir, offrir l’hospitalité. Ce thème sera l’objet d’une prochaine émission. Les journalistes eux, peuvent aussi tendre leur micro ou leur plume pour faire entendre les voix des sans voix, les traversées et tenter de changer cette image négative trop souvent véhiculée. Nicolas Balu, journaliste à la rédaction nationale de France Bleue, a aidé Victor Eock à mettre en mots de manière percutant et émouvante son récit. Bonjour Nicolas Balu
Raphael Krafft est aussi un journaliste radio, indépendant, qui a fait le choix, à l’automne 2015 en plein reportage à Vintimille sur des exilés bloqués à la frontière italienne, d’aider deux d’entre eux, deux migrants Soudanais, à passer la frontière,, par une ascension dans le parc du Mercantour. Un acte de désobéissance civile, qu’il a raconté dans un livre, Passeur, publié récemment chez Buchet Chastel.
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