• Radio
    • Grille des émissions
    • Prochains programmes
    • Nos partenaires
  • Emissions
    • Emissions Arts et culture
    • Emissions Musique
    • Emissions Société
  • Podcasts
    • Emissions A - G >>
      • Au fil des pages
      • Atterré.e.s et compagnie
      • Cappuccino
      • Championnes
      • Chute libre
      • Dialogues
      • De l'huile sur le jeu
      • Fréquence Droits
    • Emissions H - O >>
      • Harmonie du soir
      • Homo Urbanicus
      • Horizons XXI
      • Horizons Partagés
      • Jazzland
      • L'étincelle dans la ville
      • La vie est un roman
      • La vie rêvée des ondes
      • Les arènes de l'écologie
      • Les jeunes partagent
      • L'Histoire sur les ondes
      • Lusitania
      • Musicalement vôtre
      • Odyssées immigrées
    • Emissions P- Z >>
      • Philosophie au présent
      • Radioscenic
      • Recherche en cours
      • Respirations
      • Tocades
      • Version originale
      • Vive le cinéma !
      • Voix contre oreille
      • Youyous et chuchotements
    • Les émissions spéciales en réécoute
    • Semaine thématique : Quartiers populaires
    • Semaine thématique : Les mains ont la parole
    • Semaine thématique : Voix sans frontières
    • Podcasts à l'abonnement
  • Faire un don
  • Qui sommes-nous ?
    • Contacts des animateurs et animatrices
    • Contact de la radio
    • Les animateurs et animatrices
    • Radio
      • Grille des émissions
      • Prochains programmes
      • Nos partenaires
    • Emissions
      • Emissions Arts et culture
      • Emissions Musique
      • Emissions Société
    • Podcasts
      • Emissions A - G
        • Au fil des pages
        • Atterré.e.s et compagnie
        • Cappuccino
        • Championnes
        • Chute libre
        • Dialogues
        • De l'huile sur le jeu
        • Fréquence Droits
      • Emissions H - O
        • Harmonie du soir
        • Homo Urbanicus
        • Horizons XXI
        • Horizons Partagés
        • Jazzland
        • L'étincelle dans la ville
        • La vie est un roman
        • La vie rêvée des ondes
        • Les arènes de l'écologie
        • Les jeunes partagent
        • L'Histoire sur les ondes
        • Lusitania
        • Musicalement vôtre
        • Odyssées immigrées
      • Emissions P- Z
        • Philosophie au présent
        • Radioscenic
        • Recherche en cours
        • Respirations
        • Tocades
        • Version originale
        • Vive le cinéma !
        • Voix contre oreille
        • Youyous et chuchotements
      • Les émissions spéciales en réécoute
      • Semaine thématique : Quartiers populaires
      • Semaine thématique : Les mains ont la parole
      • Semaine thématique : Voix sans frontières
      • Podcasts à l'abonnement
    • Faire un don
    • Qui sommes-nous ?
      • Contacts des animateurs et animatrices
      • Contact de la radio
      • Les animateurs et animatrices
    Se connecter
    • Les émissions en réécoute
    • Dialogues - Le podcast
    • Dialogues # 04 février 2023 : Etienne Orsini, Homme de peu de poids

     


    DIFFUSION sur la FM :

    Lundi - vendredi : 4h -12h et 17h - 21h
    Samedi : 16h - minuit
    Dimanche : 00h - 14h et 22h - 4h

     


    DIFFUSION SUR INTERNET et sur LE DAB
    :

    24 heures sur 24

    . . . . Ecouter on line . . . . . .

    Dialogues # 04 février 2023 : Etienne Orsini, Homme de peu de poids

    Dialogues #7

    Etienne Orsini, Homme de peu de poids

    Animateurs : Christine Bessi et Michel Dias, pour le collectif dialogues
    Techniciens : Amazir Hamadaïne-Guest

    fleche rouge-2.png (988 b)Pour écouter le podcast, c'est ici : https://soundcloud.com/user-657209794/dialogue-2023-02-06-pad?si=f87ed9d1294d439eb7db0475b5e2703c&utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing

    1) Présentation de la poésie d’Etienne Orsini

    Étienne Orsini, vous avez publié votre premier recueil en 2004, Mais je reviens de l’immobile, et l’ensemble de votre oeuvre principalement au Nouvel Athanor. Préfacier de votre quatrième livre, Salah Stétié salue « des textes brefs, incisifs, disant la présence voilée des choses qui recoupent et traversent notre chemin ». Vos textes sont pudiques et ont vocation à dire non pas seulement le silence des êtres et de la contemplation des choses mais une permanence humble d’un regard sur le monde:  la nudité fragile de l’émotion du poète surprenant comme par effraction l’insolite dans sa collecte minutieuse du réel, du banal et du dérisoire. Vous le dites vous-même dans un de vos aphorismes :

    “Ecrire, c’est se dévêtir, publier, c’est porter sa nudité comme un pagne.”

    Cet aphorisme est on ne peut plus véridique dans votre dernier recueil, que vous publiez aux éditions via domitia, Homme de peu de poids. 

    Via Domitia ce sont des éditions de poésie qui célèbrent le haïku. (tout fraîchement nées en 2019 et situées à Montpellier). L’occasion de saluer les podcasts de nos camarades de l’Hérault qui offrent dans leurs émissions « Des arpenteurs poétiques » une écoute profonde et pleine des poètes contemporains ou non. Plusieurs de vos poèmes ont été mis en musique par l’ensemble Le Fil du Rêveur. 

    Vous êtes aussi chanteur dans un choeur de polyphonie corse, A stonda. Et comme cela ne suffit pas, vous êtes aussi photographe. Vous avez exposé plusieurs fois vos photos avec David Jacob à Issy-les-Moulineaux, croisant vos regards et vos clins d’oeil sur le réel. Elles sont souvent accompagnées de titres décalés, dépliant le regard et le sens des signes que nous envoient un paysage, une fenêtre, une flaque. Mais finalement, toutes vos activités se tiennent dans un seul regard souvent malicieux et décalé, plein de gratitude envers le réel, célébrant le halo des choses, leur lumière ou leur profondeur. « Aux grandes surfaces/Nous préférons/Les petites profondeurs », dites vous.

    trait.png (399 b)Musique 1 : Txoria txori de Joxean Artze, mis en musique par Mikel Laboa, membre du groupe Ez Dok Amairu.

    Hegoak ebaki banizkio / Neria izango zen / Ez zuen aldegingo./Bainan honela / Ez zen gehiago txoria izango./Eta nik,/ Txoria nuen maite./Si je lui avais coupé les ailes / Il aurait été à moi / Il ne serait pas parti/Mais alors / Il n'aurait plus été un oiseau/Et moi,/ C'est l'oiseau que j'aimais

    Dans votre poésie, il y a des oiseaux et des insectes éphémères. Vous le dites en plaisantant : votre "œuvre" est une vraie volière… Ca vole de partout ! (Cf. le titre d'un de vos livres : Répondre aux oiseaux). Philippe Jaccottet le dit aussi à la fin de son merveilleux petit livre la promenade sous les arbres: «  Les Vérités poétiques sont faites pour le regard prompt et bientôt détourné d’un oiseau sans poids». 

    Dites-nous donc un peu de votre cantique des oiseaux.

    Lecture à deux voix des poèmes d'Etienne Orsini :

    X

    rond rouge-10.png (247 b)Mais je reviens de l’immobile, 2004

    dans une ville , une courette
    et dans la courette, un oiseau
    il chante
    Cela suffit au matin

    X

    rond rouge-10.png (247 b)Un paysage à l’arbre près, ombres et lumières en Custera

    le soir venu , je revêts la fenêtre
    ses deux battant m’ouvrent à la nuit

    Sous mes pieds , les étages s’empilent

    Mi homme mi maison, je me hausse

    sur la pointe de fondations plus que séculaires

    être d’ici
    Appartenir au paysage

    J’ai fait depuis longtemps
    Allégeance aux parfums de ciste et d‘immortelle

    J’ai écouté la chouette et suivi la noria des pipistrelles
    Endiablées

    Ils coiffent l’infini de leurs mains jointes

    Je m’abandonne à cette impression d’épilogue
    Qui me remet au monde

    X

    rond rouge-10.png (247 b)Gravures sur braises

    Après d’interminables tractations
    Le jour consent à se lever
    L’oiseau a le triomphe modeste

    X

    rond rouge-10.png (247 b)Kireji, Homme de peu de poids

    Avec quelle fulgurance, le haïjin s’en est allé. Dans l’instant il aura vécu. Dans l’instant, il sera parti. Sans bruit, sans préavis, sans signe avant coureu....Une longue maladie ne l’aura pas escorté. D’un coup d’un seul, il nous aura quittés. 

    Un AVC dis-tu? Et son nom déjà comme un mot-césure.

    Apprendre à mourir
    Un bien piètre manuel
    Cet avécédaire

    De son nom latin
    Ephemera danica
    24h chrono

    X

    rond rouge-10.png (247 b)Débusquer des soleils, 2021 

    J’ai manqué le ciel bleu de 10h
    Celui de 14h17 aussi
    Ce soir, je manquerai la lune
    Et le cri du hibou
    Les étoiles sonnantes
    Mais jamais trébuchantes
    Dans la main de la nuit 

    X 

    Je n’ai plus qu’un oiseau en tête
    Et ses ailes qui battent
    Mes idées en retraite
    Lui laissent le chant libre 

    X 

    Les oiseaux chantent
    À perforer la nuit
    Carnet en mains 
    J’attends 
    Les instructions de l’aube
    La rosée sur les jambes
    Et pour battre du jour
    La mesure nouvelle
    Un cœur d’ornithologue 

     X 

     Pour perpétuer les trilles
    De l’oiseau qui s’en va
    J’ai dérobé le chant de l’aube 

    Mes mains se sont disjointes
    Ma voix s’est libérée 

    Je l’ai vue saluer
    Les dernières étoiles 

    Par le détour d’une anecdote d’un arbre habité d’oiseaux et la poésie et le dessin  de Marcel Bascoulard (1913-1978) et de Robert Marteau ( 1925-2011), faire hospitalité à la voix des oiseaux, accueillir l’étranger en soi. Les oiseaux apposant leur signature au silence : les oiseaux « paraphent » le silence, dit Robert Marteau.

    2) Le poète et l'instant, le punctum

    Roland Barthes disait du haïku qu’il est « une écriture de l’instant, une écriture absolue de l’instant »; le haïku et le haïbun, qui associe prose et haïku, constitueront la majeure partie de ses premières publications. La forme du haïku, forme fragile ou précaire dit, comme les fragments, les notes ou les formes elliptiques, à la fois le vertige  et la profondeur des surfaces, une lumière du réel ( l'étincelle de l'instant ) qui rend sa beauté au monde. Vous posez quant à vous la question dans votre recueil, Débusquer des soleils, Combien d’années-lumière/  Dans un instant-silence ?

    Imiter le genre du haïku, c’est en quelque sorte déposer « les éléments de l’incertitude » dit Jaccottet. Faire profession d’incertitude et d’impression non pas de vague, ni de confusion, non plus que de raison ratiocinante, sûre d’elle-même dans  sa clarté et sa distinction.

    « La poésie est ce chant qu’on l’on ne saisit pas,  cet espace où l’on ne peut demeurer, cette clé qu’on peut toujours reperdre. » le dit encore Jaccottet. 

    Le haïku : “J’ai parlé longuement, dans ce livre, du rêve que j’avais fait, devant certains lieux, d‘une poésie sans images, d’une poésie qui ne fait qu’établir des rapports, sans aucun recours à un autre monde ni à une quelconque explication, comme mon regard au cours d’un voyage en Corrèze, avait été touché par les eaux dans l’herbe, “ sans nom, sans histoire, sans religion.” A ce propos, j’ai cité quelques exemples dans la poésie occidentale, qui étaient loin encore de répondre parfaitement à un tel rêve. Si j’avais connu alors l’admirable ouvrage de Blyth. j’aurais été comblé, au point de n’avoir presque plus rien à faire qu’à citer de ces brefs poèmes dont chacun eût montré, avec une modestie éblouissante, que ce à quoi j’aspirais confusément existait déjà, avait existé  dans un lieu et un temps donnés, au sein d’une civilisation précise, en se fondant sur une pensée formulable encore que jamais suffisante. J’aurais eu alors la preuve de ce que je pressentais aussi, qu’une telle transparence, qu’une réduction si souveraine à quelques éléments, ne pouvaient être atteintes qu’au sein d’une état donné dont j'avais d'ailleurs déjà vaguement dessiné les contours : grâce à l’effacement absolu du poète, grâce à un sourire, une patience, une délicatesse fort différente que celle que le  christianisme a enseigné au Moyen-âge occidental.”

    La promenade sous les arbres, Philippe Jaccottet, édition Le bruit du temps

    Lecture des poèmes d'Etienne Orsini

    J’avance et le sol se dérobe
    Au pas pressant des certitudes

    A perte d’oubli
    Prends bien garde aux morsures
    Des réponses toutes faites
    Il ne s’agit pas de mourir
    Avant l’heure de la mort
    Le coeur
    paralysé par le venin de la certitude. 

    trait.png (399 b)Musique 2 : chant de l’Enfer Dante  A ricuccata, la selva oscura/ Dante in paghella, da l’infernu à u Paradisu

    Lecture de poèmes d'Etienne Orsini

    Je suis entré parfois
    Dans le sourire d’une femme
    J’y ai connu la joie, le temps
    L’espace et l’indulgence

    Des années de réponse
    A l’ineptie du monde
    Et puis voilà que le sourire
    Sur moi s’est refermé

    Un texte important de Lévinas dans ses mots précis rappelant la primauté de l'éthique et de l'être-pour-autrui  donne toute sa force à votre  dernier recueil, votre memento mori. Le deuil  en tant qu'il est l'événement qui me change radicalement me rend totalement aux autres, me fait l'otage de ceux et celles qui ne sont plus. Chez Levinas, le deuil va au plus loin : il m’arrache à moi-même. Il fait de la mort de l’autre, vécue pleinement, le lieu privilégié de l’expérience éthique. C’est en accompagnant le mourir d’autrui que je suis le plus dans le dessaisissement, donc dans l’éthique, et donc, dans l’amour. cf 4e partie d'Autrement qu'être.

    « Le corps n'est ni l'obstacle opposé à l’âme, ni le tombeau qui l'emprisonne, mais ce par quoi le Soi est la susceptibilité même. Passivité extrême de l' « incarnation» - être exposé à la maladie, à la souffrance, à la mort, c'est être exposé à la compassion et, Soi, au don qui coûte. En deçà du zéro de l'inertie et du néant, en déficit d'être en soi et non pas dans l'être, précisément sans lieu où poser la tête, dans le non-lieu et, ainsi, sans condition." 

    "Il existe une lassitude qui est lassitude de tout et de tous, mais surtout lassitude de soi. Ce qui lasse alors, ce n'est pas une forme particulière de notre vie - notre milieu, parce qu'il est banal et morne, notre entourage, parce qu'il est vulgaire et cruel - la lassitude vise l'existence même. 

    Au lieu de s'oublier dans la légèreté essentielle du sourire, où l'existence se fait innocemment, où dans sa plénitude même elle flotte comme privée de poids et où, gratuit et gracieux, son épanouissement est comme un évanouissement, l'existence dans la lassitude est comme un rappel d'un engagement à exister, de tout le sérieux, de toute la dureté d'un contrat irrésiliable. Il faut faire quelque chose, il faut entreprendre et aspirer." E. Levinas, De l'existence à l'existant. 

    3) Etre poète parmi les hommes : faire hospitalité à la voix des autres en polyphonie corse et dans un métier tout entier consacré aux rencontres des poètes et des philosophes: donner un lieu à la pensée et à la parole non utilitaire.

    Depuis 2014, vous êtes en charge de la programmation culturelle et poétique de l’Espace Andrée Chedid à Issy-les-Moulineaux. Lieu dédié à la fois à la philosophie et à la poésie, qui a été longtemps sous le maternage de la très regrettée parce-que-très-doucement-Vivante, Anne Dufourmantelle. L’Espace Andrée Chedid, c’est donc un lieu dédié à l’éducation en général, au soin des plus petits et des plus âgés et à l’éducation à la beauté, en particulier.  

    Lieu intime et familier, ouvert aux rencontres sensibles et humaines, c’est un lieu assez éloigné d’une maison de la poésie vouée à la promotion des poètes reconnus, édités et lus. Lieu d'écoute et de passage, il est pensé comme un lieu de paix, de silence  et de beauté au coeur même de la ville.

    Lieu proche (« commerce de proximité poétique ») de pratique de l’écriture et de lecture, de l’écoute de la poésie orale brute ou mise en musique. Vous y animez des ateliers d’écriture, y recevez des sessions de performance poétique, des scènes ouvertes, des poètes en résidence, des chercheurs en philosophie sur des thèmes dédiés. 

    Il semble que l'espace Chedid soit pensé comme cet espace de respiration et de rencontres qui cherche moins à instruire qu'à rencontrer, qu'à reconnaître la différence des modes d'élocution, d'adresse à l'autre, d'écoute plutôt que de façon d'asséner arbitrairement une parole. Les scènes ouvertes, les ateliers d'écriture ? Les conférences de philosophie? Quelles sont les rencontres qui vous ont marqué à l'espace Chedid ? Celle avec Charles Juliet, comme celle d'une rencontre avec un sage d'Asie? Celle avec Alexandre Hollan ? Et tant d'autres ? Pourriez-vous nous les raconter ?

    4) Memento mori

    • Homme de peu de poids : Le sens de ce titre ? Jeu de mots ? Pied de nez ? 

    Votre memento mori porte sur le seul véritable scandale, « skandalon » (le trébuchet, l’obstacle contre lequel on bute): la mort ( de maladie, rituelle, imprévisible, violente). Votre recueil n’est donc pas, paradoxalement, un tombeau pour les morts mais une exigence à  « ne pas radiner avec la mort » comme vous le dites. Dans  une lettre  à la reine Elisabeth de mai 1645, Descartes estime qu’il y a en effet devoir à être heureux et non lugubre et obséquieux, il  faut entièrement « se délivrer l’esprit de toutes sortes de pensées tristes, et même aussi de toutes sortes de méditations sérieuses touchant les sciences  et ne s’occuper à imiter que ceux qui , en regardent la verdeur d’un bois, les couleurs d’une fleur, le vol d’un oiseau et telles choses qui ne requièrent aucune attention, se persuadent qu’ils ne pensent à rien. Ce n’est pas perdre le temps mais le bien employer »

    Vous nous offrez  ainsi une méditation  presque métaphysique en hommage à la vie, et à la mort qui traverse la vie, sans jamais nous arracher la certitude d'une plénitude, d'une vie pleinement vécue, d'une forme de concentration (comme vous évoquez a contrario le manque de concentration d'un bulletin scolaire,  appréciation de peu de poids pour dire une vie précaire, devenue cendres ), une condensation qui fait toute la vérité de l'existence et la force des poètes pour toujours célébrer la vie, si brève soit-elle.

    Ce dernier recueil est donc avant tout un puissant remède à la mélancolie. On pourrait croire que ce livre dédié à votre fils, qui porte le nom du bonheur plein, gardant dans son nommer le sourire d’une joie vive, est le livre d’un travail de deuil.

    « Dans le travail du deuil, écrit Blanchot dans L'Écriture du désastre, ce n'est pas la douleur qui travaille : elle veille”. Mais il est bien davantage. S’il est sans doute cet effort pour entreprendre et aspirer et surtout à s’arracher à la tristesse, il est avant tout une méditation sur la vie et les sens qu’elle recèle. Votre recueil ne confine, par conséquent, ni au drame ni au tragique et invite encore moins au traité du désespoir ou de la consolation ( comme on en trouve du reste beaucoup  et sans doute  de trop pesants…. chez les philosophes). Il invite à saisir ainsi par sa forme même ( le haïku), la légèreté de l'existence et le sourire qu'elle nous offre.

    "La poésie, qui a pour matériau le langage, est sans doute de tous les arts le plus humain, le moins du-monde, celui dans lequel le produit final demeure le plus proche de la pensée qui l’a inspiré. La durabilité d’un poème est produite par condensation, comme si le langage parlé dans sa plus grande densité, concentré à l’extrême, était poétique en soi" H. Arendt, Condition de l'Homme moderne , 1958

    C’est sans doute ainsi, dans ce besoin du fragment, de l’aphorisme ouvert aux interprétations, que vous retrouvez la gravité de l’effort pour désinvestir un être aimé et disparu, celui qui nous  arrache à tout narcissisme et exige de peser, en nous allègeant de toute la présence absente de ceux que nous avons rencontrés et aimés.  Celui que Mallarmé trace dans un langage pulsionnel, fragile et nu, se saisit de tous les souvenirs de l'enfance emportée trop tôt . La vie est ainsi sauvée  de l’oubli par bribes et silences  dans le Tombeau pour Anatole et devient une invitation à se surmonter soi-même , “Nous avons su par toi le meilleur de nous-mêmes.”

    C'est pourquoi vous dites toujours vouloir retrouver dans la souvenir des morts, la légereté et l'humour des aphorismes de Kafka, cette bonne humeur et dérision du "Luftmensch", qui sait rêver et s'élèver au-dessus des miasmes de l'existence,  mêlant toujours la sagesse philosophique  et l'ironie qui y président, assorties d'un sens mémorable de la formule.

    Fin de l’émission : Chanson yiddish : Kum aher du filozof chanté par Théodore Bikel

    Viens par ici, toi le philosophe, avec ta cervelle de moineau, viens à la table du rebbe et acquiers y de la sagesse, tu as conçu un bateau à vapeur et tu fais le fanfaron, le rebbe étale son foulard et marche sur la mer, tu as inventé une montgolfière et pense que tu es un génie, le rebbe moque et le rebbe rit, et il n'a pas besoin de cela, sais-tu ce que fait le rebbe pendant qu'il est assis tout seul, en une minute, il s'envole dans le ciel et y prend son repas de Shabbat.


    Télécharger le podcast

    Nos derniers podcasts

    • Brasil Alto Astral du 11 juillet 2025

      Certes ce genre musical n'est pas le plus emblématique du pays...
    • Philosophie au présent du 17/05/2025....

      Dans le cadre dee la semaine du Japon, Philosophie au présent...
    • Musicalement Vôtre # 08/07/2025 - Gabi...

      Gabi Hartmann Portrait radiophonique de Gabi Hartmann à...
    • La vie est un roman # 8 juillet 2025 –...

      Au programme de La vie est un roman, mardi 8 juillet de 11h...
    • VERSION ORIGINALE # 5 JUILLET 2025 –...

      Meriem LARIBI. Ci-gît l'humanité. Gaza, le...
    • Jazzland avec Delphine DEAU

      Rencontre avec la pianiste Delphine Deau autour de son projet sur le...
    • L'étincelle dans la ville # 7 juillet...

      L'étincelle dans la ville # 64 - Conférence sur la...
    • CHAMPIONNES #20 Best Of de la Saison 1...

      Tous les vendredis à 19h, découvrez des portraits de...
    • Cappuccino # 6 juillet 2025 - invitée...

      Patrizia Molteni de la revue Focus-in et "Italia in rete"...
    • Chute Libre # 4 juillet 2025 - Avec le...

      Vincent Es-Sadeq vit et travaille à Paris. Il écrit,...
    • Brasil Alto Astral du 4 juillet 2025

      Interview de Ligiana Costa, chanteuse brésilienne,...
    • Radioscenic #23 juin 2025

      « Le théâtre, un truc de vieux ?" Ce...

    Nos émissions

    • La vie rêvée des ondes

      La vie rêvée des ondes  La vie...
    • L'Histoire sur les ondes

      Entretiens avec des historiens et historiennes Émission...
    • Championnes

      Portraits de Légendes du sport féminin Tous les...
    • Les arènes de l'écologie

      L'actualité écologique Tous les mercredis de 19h...
    • Atterré.e.s et Compagnie

      Décryptage de l'économie Atterré.e.s et...
    • De l'huile sur le jeu

      Les héros méconnus du sport Nombreux sont les...
    • Radioscenic

      Emission théâtrale Radioscenic explore...
    • Horizons XXI

      Horizons XXI Horizons XXI est une émission qui...
    • Horizons Partagés

      Horizons Partagés Partir à la découverte du...
    • Jazzland

      Le Jazz sans frontières Animée par deux explorateurs...
    • La scène de la semaine

      Critiques théâtrales Chaque semaine dans La...
    • Dialogues

      Poésie et philosophie     Emission...
    • Au fil des pages

      Magazine littéraire Une émission destinée...
    • L'étincelle dans la ville

      Promenades insolites L'étincelle dans la ville vous...
    • Les ateliers radiophoniques d'Aligre FM

      Les ateliers radiophoniques d'Aligre FM Depuis quarante ans, Aligre...
    • Youyous et chuchotements

      L'Orient compliqué (et fascinant)... sans idées...
    • Tocades

      Décrypter et réenchanter le monde Emission...
    • Chute libre

      Entretiens avec des écrivains de poésie...
    • Musicalement vôtre

        « Musicalement Vôtre » est une...
    • Du mouvement social !

      L'action citoyenne avec Attac     Emission...
    • Tant qu'il y aura des femmes

      Les femmes prennent la parole Emission bi-mensuelle (1er et 3e...
    • Fréquence Droits

      La Ligue des droits de l'Homme   Emission...
    • Harmonie du soir

      Histoire de la musique, de la période médiévale...
    • Respirations

      Arts internes et musiques associées Emission bi-mensuelle...
    • Philosophie au présent. Voix du Collège...

      Voix du Collège international de philosophie Emission...
    • DanceHall Reggae Vybz

      DanceHall Reggae Vybz   Depuis 2018,  DanceHall Reggae...
    • Vive le cinéma !

      Actualité du cinéma et musiques de...
    • Version originale

      Cultures et sociétés     Sous la...
    • Recherche en cours

      Les sciences et la recherche     Emission bi-mensuelle...
    • Odyssées immigrées

      L'immigration et les rapports Nord-Sud        ...
    • Lusitania

      Cultures lusophones   Lusitania vous invite à...
    • Homo Urbanicus

      Le monde...
    • La vie est un roman

      Art et littérature   Cette émission,...
    • Cappuccino

      Magazine italien   L'émission est la suite de...
    • Brasil alto astral

      Musiques brésiliennes La programmation de Brasil alto...
    • Audiometric

      Musiques électroniques et contemporaines   Cette...

    Retrouvez-nous sur

    ALIGRE FM

    • Secrétariat : 01 40 24 24 24 / 29 29
    • Courriel : contact@aligrefm.org
    • Pour les propositions musicales : musique@aligrefm.org
    • Nous recherchons des techniciens bénévoles en régie : recrutementregie@aligrefm.org
    • Réseaux sociaux : Instagram - Facebook
    • Pour joindre les responsables d'une émission,
      rendez-vous dans la rubrique "Les émissions" ou sur cette page

    logo page accueil.jpg (41 KB)Capture d’écran_10-9-2024_165710_.jpeg (222 KB)college de philosophie-double.jpg (139 KB)

    RadioKing ©2025 | Site radio créé avec RadioKing. RadioKing propose de créer une webradio facilement. Mentions légales

    Envoyer une dédicace


    Se connecter


    Mot de passe oublié ?

    Mot de passe oublié ? Pas de problème.