Dialogues # 10 février 2024 - Sirine Achkar, “Le pays de sud”... et si le théâtre en disait plus que les journaux. Dire la mémoire avec le théâtre contemporain.
Dire la mémoire avec le théâtre contemporain.
Sirine Achkar : “Le pays de sud”... et si le théâtre en disait plus que les journaux.
Invitée : Sirine Achkar, metteuse en scène et dramaturge.
Animateur : Paul Roussy
Technique: Enrico et Lucas
Lectures de l’émission
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Lecture de la chanson de Fairouz tiré du poème de Joseph Harb
À Beyrouth…
De mon cœur, un salut à Beyrouth
Et des baisers, à la mer et aux maisons
À un rocher, semblable au visage d’un vieux marin
Elle est, de l’âme du peuple, du vin
Elle est, de sa sueur, du pain et du jasmin
Qu’est devenue sa saveur ?
Un goût de feu et de fumée.
À Beyrouth, une gloire de cendres
À Beyrouth, du sang d’un enfant porté sur sa main
Ma ville a éteint sa lumière
Elle a fermé sa porte, se retrouvant seule le soir
Toute seule, la nuit.
À Beyrouth…
De mon cœur, un salut à Beyrouth
Et des baisers, à la mer et aux maisons
À un rocher, semblable au visage d’un vieux marin
Tu es à moi, tu es à moi, ô enlace-moi, tu es à moi
Ma bannière, la pierre du lendemain et les vagues d’un voyage
Elles ont fleuri, les blessures de mon peuple
Elles ont fleuri, les larmes des mères
Tu es, Beyrouth, à moi, tu es à moi
Ô [Beyrouth], enlace-moi.
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Lecture de Le pays du sud, Sirine Achkar
“Du boulot j’en ai, je serre la main aux morts de ces lâches qui n’osent pas me regarder, ni regarder leurs morts, ni regarder l’histoire. Ils se cachent de l’histoire pour bien pouvoir la répéter, à l’infini. Ils se cachent du regard de leurs enfants, qui leur demandent tous les jours, pourquoi veux-tu tuer celui qui est différent ?
Pourquoi ne peux-tu pas oublier ce qui est marqué sur la carte d’identité et qui dévoile l’ethnie, la nationalité, la taille du sexe ou la religion.
Pourquoi veux-tu tuer en te basant sur la carte d’identité ? De quoi as-tu peur? Penses-tu que celui qui ronfle en débitant une musique différente de la tienne mérite la mort, juste parce qu’il chante une musique différente de la tienne pendant son sommeil ? Penses-tu que celui qui ne se lave pas avant sa prière, mérite une mort directe, brutale et directe, pour l’unique et seule raison qu’il n’a pas, comme toi, reçu l’ordre divin de se laver avant sa prière ?!
C’est pour toutes ces raisons-là que j’ai décidé de ne plus rentrer dans leurs complots. Même leurs obus sont lâches, ils sont fainéants et lâches, car ils ne prennent pas la peine de faire le tri entre un soldat armé de la mort, et un enfant armé de son cartable ! C’est pour ça qu’ils n’osent plus m’adresser la parole, et c’est pour ça que tu me vois là, à traîner là, pour accompagner la nuit dans sa solitude, car ils ont peur des crachats !
4. Epilogue : "Seul, tel le vent"
"— Aujourd’hui la mer de notre sud est des plus douces, le va-et-vient des vagues a bercé mes tourments, il a balayé les affres de ton absence, arraché les inquiétudes colonisant mon sommeil. Le vent de notre sud est des plus doux aujourd’hui. Je t’attends sur notre plage, dont la douceur du sable me rappelle mes premières nuits dans tes bras. Je t’attends, sans plainte ni remords. L’écho du passé est loin derrière mon horizon. Je t’attends dans les bras bienveillants d’une vie simple."
Musiques :
Fairouz, Adesh Kan Finas / فيروز - أديش كان في ناس
Aretha Franklin, I say a little prayer
Conseils de lectures de Dialogues :
Sirine Achkar
Nuits d’automne, éditions du Panthéon
Le pays de sud, suivi de Seul, tel le vent, Harmattan théâtre
Edward Bond
Pièces de guerre, Rouge noir et ignorant, 1996
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DIFFUSION sur la FM :
Lundi - vendredi : 4h -12h et 17h - 21h
Samedi : 16h - minuit
Dimanche : 00h - 14h et 22h - 4h